Témoignage écrit

La famille d'Alice est restée en Alsace au moment de l'envahissement de la France par l'armée allemande. Son père travaillait à la perception de Muntzenheim qui est repliée à Kaysersberg dès les premiers jours du mois de mai 1940 - plusieurs fonctionnaires demeurent attachés à leurs administrations respectives qui les maintiennent en activité professionnelle dans la région. Dès la fin de l'occupation allemande, sa famille rejoint Urschenheim ; pour elle, l'évacuation n'aura duré que six semaines.

Les premiers habitants de retour à Urschenheim constatent de nombreux dégâts aux biens immobiliers, dont plusieurs maisons détruites par le feu lors des combats. De nombreuses maisons sont vidées de leur contenu. Chez Alice, des soldats allemands ont laissé une lettre détaillant tout ce qu'ils avaient pris dans la maison ; par contre, ils ont retrouvé leur baignoire remplie de vaisselles venues probablement d'autres lieux – ces biens sont redistribués progressivement aux autres habitants du village, notamment ceux qui avaient tout perdu.

Alice a la charge journalière, pour l'ensemble des habitants du village, de chercher du pain à Grussenheim - c'est le seul boulanger qui fabriquait du pain dans le secteur. Elle se rend également à Colmar pour la viande. Le tout en bicyclette.

Elle relève une exceptionnelle entraide dans la population pour redonner une nouvelle vie au village et préparer le retour des habitants évacués dans le Lot-et-Garonne. Alice souligne le travail remarquable effectué par Léonie SCHOENI, avec deux prisonniers de guerre, pour rentrer la majorité des récoltes dans les granges respectives de leurs propriétaires. Les habitants restés en Alsace, dont les membres de la commission de sauvegarde, se sont substitués aux évacués, entre le mois de juin et de septembre 1940, dans le cadre de liens fraternels d’une exceptionnelle ampleur que seuls les bouleversements et les désastres de la guerre ont créés.

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Le témoignage d'Alice KOHLER-BOLLINGER en vidéo