Témoignage écrit

Son père, Robert BOLLINGER, est maire d’Urschenheim au moment des événements. Il dirige la commission de sauvegarde et reste dans le village en compagnie de quelques autres membres du conseil municipal. Au moment de l'évacuation, sa famille rejoint Turckheim où elle est hébergée par la famille Georges HAUMESSER - son oncle et sa tante. Durant cette période, son père se rend régulièrement à Sigolsheim - pendant la période d'évacuation de ses concitoyens dans ce village - et à Turckheim en bicyclette. Lors d'une de ses escapades, une chute le contraint de rester un bref instant à l'hôpital de Kaysersberg pour des soins. Au moment de l'évacuation vers Saint Barthélemy d’Agenais les autorités demandent à la famille hébergée à Turckheim de rejoindre le convoi, mais dans la précipitation de ces instants de guerre, elle se trouve contraint de rester sur place.

Mariette se rappelle de l'arrivée des Allemands à Turckheim. Au travers des jalousies d'un volet elle observe les premiers combattants ennemis arrivés en moto ; très rapidement, l'ensemble de la ville se trouve occupé par un très grand nombre de soldats. « J'ai assisté aux combats de Turckheim. J'étais jeune et je ne prenais pas au sérieux ce qui se passait contrairement aux anciens qui avaient déjà connu une guerre ». Puis, elle se cache sous un lit recherchant une illusoire protection. Dans son exode, elle avait emmené à Turckheim Gaby WOLFSPERGER, née en avril 1940, dont elle était marraine.

Dès les combats terminés, l'ensemble de la famille rejoint Urschenheim. Les dégâts sont importants dans le village et plusieurs maisons sont brûlées. « Les Allemands avaient visité toutes les maisons. Dans notre maison, nous avons retrouvé des sacs avec des croix gammées au grenier ». La famille participe aux récoltes céréalières des personnes encore évacuées dans le Lot-et-Garonne en les entreposant dans les fermes respectives.

Mariette se rappelle que son père est averti par les autorités du retour des évacuées mais sans connaître de date précise. « C'étaient des périodes très difficiles. Avant l'évacuation, l'abandon du bétail a causé de nombreuses douleurs psychologiques au sein d'une population essentiellement paysanne. Au retour, c'est une véritable reconstruction du village qui s'entame avec des périodes non moins difficiles ».

Mariette est la seule personne à avoir eu des nouvelles des évacués grâce à une lettre envoyée par Maria MULLER de Saint Barthélemy d'Agenais - c'est la seule lettre qui a réussi à franchir tous les obstacles matériels de la guerre et qui constitue une véritable richesse historique sur le déroulement de l'évacuation et les premiers jours d'exode dans le Sud-Ouest.

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Le témoignage de Mariette WERNY en vidéo