Accueil | Les périodes de guerre | L'évacuation de Mai 1940
Le témoignage de Paul DECKERT
Témoignage écrit
Nous partons le dimanche matin, vers 8 heures, avec nos chevaux et nos charrettes en direction de Sigolsheim. Lorsque nous traversons Houssen, les habitants se rendent à l’église pour la bénédiction du sel.
A Sigolsheim, nous sommes accueillis sur la place du village, d’où une personne nous dirige vers notre lieu d’hébergement provisoire. Après une dizaine de jours, nous partons dans le Lot et Garonne dans d’agréables wagons de voyageurs.
A St-Barthélemy d’Agenais, nous logeons dans une ancienne boucherie. Toute la famille se retrouve dans la même maison: ma mère, Xavier mon père, Irène, Alfred et Lucien. La maison est vide. Paul nous dit qu’il reconnaîtrait cette maison facilement. Il nous raconte qu’il y a dans cette bâtisse beaucoup de puces.
Les premiers jours, tous les évacués mangent dans la halle. La répétition des repas – une soupe avec beaucoup de fèves et peut-être une saucisse - entraîne une tension qui conduit à un petit incident. Sur ces faits, le Curé KUSTER obtient des autorités les indemnités d’évacués pour toutes les familles, charge à elles d’élaborer leurs repas.
A son arrivée, il n’y a pas de lait, mais les fermiers les autorisent à traire leurs vaches pour prélever le lait. La région compte plusieurs étangs gorgés de poissons. Il y a également de nombreux pigeonniers. La municipalité les autorise à ramasser le bois mort dans les forêts. Mais, le bois déjà coupé passe également dans les cheminées des évacués. Il y a d’importants vergers de pêche à St Barthélemy d’Agenais où de nombreux fruits sont prélevés fortuitement. Paul se rappelle de la grand-mère d’Albert faisant ses achats à l’épicerie en montrant le produit qu’elle souhaite et désigne le volume en fonction des poids de la balance.
Mademoiselle MILLION assure le fonctionnement de l’école. Les cours se déroulent à l’extérieur, sous les arbres. Les élèves sont assis sur des bancs, les « petits » devant et les « grands » derrière. Le terrain est en pente ce qui entraîne parfois des bousculades, au grand désappointement de l’institutrice, qui renvoie aussitôt ses élèves à la maison.
Le matin, les personnes se rendent à la messe célébrée par le Curé KUSTER. Les habitants du village ne sont pas des assidus des offices religieux. Après la célébration, les aînés Alphonse SPITZ, Emile SCHOENI, Jean-Baptiste HECKLEN… se rendent au bistrot pour jouer aux cartes. Leurs épouses leur apportent régulièrement leurs repas dans des gamelles.
Oncle Isidore, Georges MULLER, Albert HUCK et Joseph BLATZ ont rejoint St-Barthélemy d’Agenais, après leur démobilisation de l’armée française. Alfred travaille dans une ferme, où le mari est prisonnier de guerre en Allemagne. Il aurait pu rester à St-Barthélemy d’Agenais pour exploiter ce train de culture, mais la nostalgie de l’Alsace - le heimweh - est plus forte.
Le dimanche, quelques évacués se rendent en bicyclette dans les villages voisins, comme le Mas d’Agenais, où d’autres Alsaciens résident.
Paul nous dit que ces temps-là ne se reproduiront plus jamais.
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